• L'esprit de l'industrie et la dénaturation des aliments

    Les témoignages abondent sur la Toile, qui mettent en cause la qualité de notre alimentation. Ils sont repris et amplifiés, ou non, par les mass médias.

     

    En vérité, les choses sont beaucoup plus complexes qu'il n'y paraît à première vue..

    Voici un autre témoignage, reçu hier et qui ne m'étonne guère : http://www.rue89.com/2013/02/15/il-fallait-garder-40-de-la-viande-avariee-239652

    (N'oubliez pas d'aller voir les pages sur le "minerai de viande" ! A quand le minerai de chien, de chat ? Et pourquoi pas le minerai de rat ? Le "minerai d'insecte" est déjà là, lui ! Voir le site micronutris...

    J'ai moi-même travaillé quelques mois dans une fromagerie semi-industrielle, en 1979. Et j'ai alors compris de l'intérieur la logique du système agro-alimentaire, ses tenants et ses aboutissants... et cessé définitivement d'accorder la moindre confiance aux institutions de veille et de contrôle sanitaires, tant françaises qu'européennes. Leurs liens directs ou indirects avec les intérêts privés étaient masqués par une opacité totale. Et la démission du politique a permis le règne malsain du dire d'expert, expert prétendument objectif et au-dessus de tout soupçon. Ceci vaut pour le monde de l'aliment comme pour celui du médicament...

    Heureusement, depuis quelques années, nous assistons au dévoilement progressif de toutes les pratiques qui violentent la nature et nous nuisent. Cela suffira-t-il pour un changement ? J'en doute à court terme... Mais tout un chacun peut, comme le narrateur du témoignage, choisir d'acheter tel ou tel type d'aliments. Mais alors, comment se nourrir si on ne va plus au supermarché ?  Eh bien, depuis quarante ans, je privilégie l'achat direct, le circuit court ou le plus court possible, et je ne suis pas mort de faim.

    Certes je ne veux d'autre aliment que "bio" (car la logique et les produits ou méthodes industrielles sont à l'oeuvre dans la majorité des "exploitations" agricoles). Cependant j'ai su très vite que le label "bio" n'est pas exempt de tout reproche, et c'est là que les choses se compliquent. Aussi, d'abord et avant tout je veux connaître le producteur, ses fournisseurs, ses méthodes de travail. En plus de quarante ans, j'ai ainsi rendu visite à des centaines de domaines, et pas seulement viticoles ! Dire que je n'ai jamais été abusé serait présomptueux de ma part, je ne m'y risquerai pas. La mouvance bio est elle aussi contaminée par la société du mensonge, et parfois le masque est très bien ajusté. Je me souviens de cet oenologue des pays de Loire qui me dit, en 1997 : "Les bios, je les connais, ce sont ceux qui m'achètent les produits, paient en liquide et ne veulent pas de facture !" (puisque les organismes certificateurs se fondent d'abord sur l'examen de la comptabilité... donc : "pas vu pas pris").

    Il est impératif de pouvoir faire confiance. Sans confiance, nous allons tout simplement au désastre individuel et collectif, aux rumeurs folles et aux psychoses irrationnelles par définition...

    Dans l'ensemble, je suis plutôt satisfait de mes choix. Parlons de la viande, par exemple. Nous avons à Caen, et c'est une chance,  un boucher bio : monsieur Duval, au bas du Chemin Vert, (avenue de la 1ère armée, non loin du Leclerc Bd Dunois. Tél : 02 31 73 34 77).  Chaque animal acheté est garanti  "bio", le nom du fournisseur est affiché, ainsi que sa certification. La qualité est excellente ! Et je suis son client, mais pas pour tout.

    Sur le marché des fossés St Julien, le vendredi matin, j'achète souvent ma viande de porc à la ferme des Crettes, poulets et pintades à Denis Saulnier, parfois boeuf et mouton à la maison Vallée. Je connais ces producteurs, certains depuis très longtemps. Ils me donnent entière satisfaction. J'annoncerai ici leurs journées "Porte ouverte".

    Je fais aussi partie d'une AMAP (Association pour le Maintien d'une Agriculture Paysanne), et c'est la meilleure idée qui soit. Ses fondatrices japonaises, après le scandale de la baie de Minamata (souvenez-vous, les enfants-légumes !), voulurent mettre un nom sur l'aliment, c'est-à-dire le nom du producteur. Au-delà de la confiance nécessaire, une solidarité en actes fut mise en oeuvre. Elle demande vigilance : j'avais quitté la première AMAP du Calvados après m'être retrouvé "client captif" d'un maraîcher alors peu compétent. Comme je ne pouvais espérer une amélioration rapide, j'ai renoué avec mon ancien maraîcher, qui vend sur le marché. Mais je n'ai pas jeté le bébé avec l'eau du bain, car le système des AMAP est en plein tâtonnement et la réussite de la formule dépend de notre investissement responsable. Son succès qui va grandissant correspond à une demande de plus en plus forte, et aussi à davantage de maturité : n'en déplaise au slogan des Biocoop, être consom'acteur demande d'abord de s'affranchir du statut de "gentil-client-qui-ne-pose-pas-de-questions" et ensuite de se prendre en charge. Je redonne donc le site des AMAP françaises : www.reseau-amap.org/

    Nous ne sommes pas (encore) complètement piégés par un système voué à une économie de marché qui ne connaîtrait plus d'autre loi que celle de la cupidité. Nous pouvons oeuvrer à la création d'une autre façon de vivre, petitement peut-être mais "plus on est de fous, plus on rit". Voici quarante cinq ans, je passais pour fou aux yeux de beaucoup de personnes autour de moi : peu à peu cette folie est de plus en plus partagée et je m'en réjouis. Cependant il reste évidemment beaucoup à faire.

    En 1968, Marie-Ma et moi étions co-créateurs, avec quelques autres, de ce qui fut la première coop bio en France. Notre ambition était affichée en grand : "Mettre l'alimentation saine à la portée de toutes les bourses" (Pour différentes raisons, l'aventure ne dura pas deux ans). A ce jour, la COOP 1 de Caen est fidèle à cette devise, car ses marges commerciales sont bien plus faibles que celles pratiquées dans le réseau Biocoop (donc, les prix beaucoup moins élevés). La COOP 1 est au milieu de la rue Savorgnan de Brazza, à la Maladrerie. Téléphone : 02 31 73 61 65.

    Bien sûr on trouvera toujours un vendeur pour un produit encore moins cher, mais qu'en est-il de ses qualités nutritionnelles ? De sa saveur ? Bon sang, nous ne sommes ni buveurs ni mangeurs d'étiquettes !

    Je suis et reste coopérateur, amapien et toujours amateur de bon vin !

    Bon appétit et, je l'espère, @ vous lire bientôt !

    Pierre Paillard


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