Au cours du dernier demi-siècle, j'ai eu la grande chance d'e constater la révolution silencieuse qui transforme peu à peu nos sociétés occidentales (et occidentalisées, ainsi au Japon). C'est dans ce cadre global que s'est inscrite ma propre Quête et donc le présent blog : je désire ici m'en ouvrir à mes lecteurs.

Le commentaire qu'Isabelle a donné à mon dernier article m'est allé droit au coeur, et je lui ai répondu par un autre commentaire (voir sous le texte "l'avenir du blog", il vous suffit de cliquer sur "4 commentaires", juste après ma signature).

Ceci m'a déterminé à remanier mon blog (cela me prendra du temps, d'autant plus que je dois me faire aider : je ne suis pas un as de l'informatique). Mais déjà j'ai étoffé ma liste de liens (ou blogoliste). Je donne quelques liens vers des associations nationales qui me paraissent fondamentales, ainsi "Générations futures", ou le mouvement des AMAP (associations pour le maintien d'une culture paysanne), et bien sûr celui des colibris.

Ces associations sont nées dans les quinze dernières années et connaissent un fort développement, lequel traduit la conscience de plus en plus grande des problèmes vitaux que nous devons affronter et si possible résoudre, dans le respect des valeurs humaines fondamentales. Parallèlement, je note depuis le même laps de temps la multiplication du nombre de vignerons et paysans "bios" (et si je suis Amapien comme Isabelle, je préfère acheter mes légumes directement au maraîcher, ce que nous faisons depuis 1965 !). Amap ou vente sur le marché, il s'agit avant tout d'une vente directe, laquelle permet un contact personnel avec le producteur (non sans vigilance), de restaurer la confiance perdue dans l'étiquetage invérifiable. Je ne nie pas l'utilité d'intermédiaires (ainsi des cavistes, bien sûr) car on ne peut pas tout acheter directement. Mais en quelque sorte, l'échelon intermédiaire doit justifier sa présence (en ce qui concerne le vin, le caviste aura toujours plus de références que nous ne pourrons en acquérir par nos groupements d'achats, et sa fonction de conseil éclairé sera très souvent décisive dans le choix de l'alliance d'un mets à un vin).

Les cavistes "classiques" d'ailleurs ont de plus en plus de références "bio"; c'est parce que l'offre croît, mais aussi à cause de la demande grandissante du public. La recherche d'authenticité des produits est de plus en plus insistante, et si le caviste veut se distinguer de l'offre de la grande distribution, il doit offrir des vins qui apportent un "plus" à son client. Cette évolution me conforte dans les choix de ma jeunesse : à l'époque, ma femme et moi passions très souvent pour farfelus ou même "dérangés" ! Maintenant, nous sommes ... "tendance" !

La croissance très importante de la consommation "bio" va de pair avec le succès grandissant des médecines "douces" (ou alternatives, comme vous voudrez), plus généralement avec le regard porté sur le soin du corps : et quel chef-lieu de canton n'a pas son prof de yoga, de shiatsu, ses cours de Qi Gong, etc... ?

De plus, une capillarité diffuse relie tout cela : je rencontre souvent les mêmes personnes dans le cabinet du naturopathe, à la Coop Un (les Copains d'abord !), etc etc... et cela est vrai à mon échelle perceptive comme à l'échelle de toute la société. C'est ce que j'appelle la révolution silencieuse, elle se fait en dehors des incitations publiques ou publicitaires.

Je remarque le déphasage grandissant entre les institutions établies et le vécu contemporain. Un exemple : j'ai lu dans le journal d'hier que le Parlement a voté l'interdiction des pesticides dans les espaces publics en 2020 et privés en 2022 ! Et on ne parle pas du monde agricole ! Je vous prie d'aller voir sur ce sujet l'avis de "Générations futures"... Le pire, c'est que les députés de l'écologie politique auraient voté ce texte (toujours d'après le journal), au lieu de protester avec indignation et de quitter la salle. N'importe, l'évolution des consciences progresse, des forces nouvelles la portent, si les anciennes la négligent. Une "transition citoyenne" vers un autre mode de vie sociale se met en place peu à peu, hors des jeux politiciens...

Bien sûr, l'évolution du monde va plus vite vers le pire que ne croît cette révolution des ressentis, des vécus et des comportements, et je ne crois pas que nous pourrons faire l'économie d'un chaos mondial. Mais l'espoir, le seul espoir, réside dans les liens que nous tissons, au jour le jour, à la base sociale, pour résoudre nos problèmes. Ces liens, solidaires et conviviaux, ne doivent rien à la politique politicienne mais traduisent et construisent la politique de la vie. Ils sont vitaux.

Je veux signaler enfin le mouvement des Colibris, initié par Pierre Rabhi, et vous invite à consulter leur site (voir la blogoliste). Il y a des colibris partout, peut-être en êtes-vous ou en connaissez-vous. Il s'agit, comme pour "Générations futures", d'une véritable insurrection des consciences, fer de lance de la révolution silencieuse dont je parle ici. Si je n'ai plus la santé pour aller sur le terrain, je suis de coeur avec celles et ceux qui s'y investissent... et je lève mon verre à leur santé, à la santé de tous les artisans modestes et déterminés d'un avenir de paix, de santé et d'harmonie dans la frugalité heureuse chère à Pierre Rabhi, laquelle n'a jamais proscrit le bon vin.

TRINK !

Pierre Paillard, ce 26 janvier 2014