• Le BIO, kèzako ?

    Parfois certains propos sur le "bio" m'agacent. Souvent, je précise alors qu'il y plusieurs sortes de "bio" : le "bio", le "bio moins cinq", le "bio moins le quart" et... le "bio mon cul". Car il m'arrive d'être grossier...

    Depuis un demi-siècle, les diverses réglementations, appellations et labels ont évolué, la Puissance Publique Européenne étant désormais titulaire du droit de "nommer". Ce qui est catastrophique la plupart du temps, l'alignement se faisant par le bas au bénéfice du "moins-disant", c'est-à-dire du plus éloigné d'une véritable qualité biologique. Voulez-vous des exemples concrets ?

    Je ne me fie donc aucunement aux sigles européens, ni même aux bien meilleurs logos de "Nature et Progrès" ou de Déméter chez les biodynamistes... Dans la pratique, je ne connais que des cas particuliers. J'ai besoin de connaître le producteur, ou la productrice, ses façons de travailler, j'ai surtout besoin d'avoir intimement confiance en lui. Pour le maximum des aliments qui entrent sous notre toit, c'est la règle.

    Mais cet aspect, essentiel certes, masque une fracture idéologique profonde. Dans l'approche de la pensée dominante (matérialiste), le "bio" est défini par l'absence de molécules de synthèse (pesticides & Cie). Dans l'approche de la pensée traditionnelle, le "bio" sera certes exempt de poisons mais sera surtout porteur de vitalité, ou force vitale. Certes le "vitalisme" n'a pas la cote mais voyons un exemple concret. Dans toutes les boutiques vendant du "bio", on trouve du lait U.H.T bio. U.H.T, cela veut dire stérilisé à Ultra Haute Température. Eh bien, s'il est stérilisé, par définition il ne possède plus aucune force vitale, c'est un aliment mort.

    Vers le milieu des années soixante, j'adhérai à l'association Nature et Progrès, où l'on était positiviste, rationaliste et matérialiste avec cette nuance importante que l'on attendait de la science qu'elle nous donne des mesures quantifiées de la vitalité. C'est ainsi que Louis-Claude Vincent présenta au Congrès de Bordeaux la bio-électronique qui porte son nom. Les fondateurs de Nature et Progrès voulaient en effet que la qualité biologique d'un aliment soit constatée par une mesure irréfutable... Hélas, peu à peu on glissa vers une qualité biologique décrétée en fonction de critères non scientifiques mais économiques. L'argument massue était qu'il fallait faciliter la conversion des agriculteurs fourvoyés dans la chimie dure, et donc ne pas placer la barre trop haut...

    A la même époque, les biodynamistes, tenants de l'idée que l'aliment doit transmettre la force de vie dont il est porteur, résistaient beaucoup aux définitions données par les "positivistes" et conservèrent leur propre organisation. Je suis totalement en accord avec leur approche du vivant, et dans mon premier livre (La Quête du vin) j'ai inclus un exposé sur les cristallisations sensibles, assorti d'un cahier de photographies. Voilà une méthode dont l'immense mérite est de donner une approche qualitative laquelle, à mon avis, complète utilement la mesure quantitative de la bio-électronique.

    Bon, j'arrête pour ce matin et vous invite à réagir en bas de cet article par des commentaires. J'aurais une foultitude de choses à dire, mais si ça n'intéresse personne, je bouquinerai plutôt devant mon poêle.

    En attendant, à toutes et à tous je souhaite de bonnes fêtes de fin d'année !

    Pierre Paillard

     


  • Commentaires

    1
    fremont bruno
    Dimanche 18 Décembre 2016 à 19:33

    "Foutredieu", quel téléscopage!  J'ai l'impression,à la lecture de ton libelle, de ramer à contrecourant!

    nous sommes en train,juste aujourd'hui ,avec quelques conso et producteurs de relancer un groupe local N et P ,pour lequel je te transmets un petit Dazibao:

     

    "Oyé, oyé, producteurs, consommateurs,

     

    vous êtes intéressés par l'association Nature & Progrès. Vous pensez qu'il est important de la promouvoir et la faire vivre? Vous êtes curieux de connaitre la teneur de la charte?

     

    http://www.natureetprogres.org/charte.pdf

     

    Sachez qu'un petit groupe s'est déjà réuni une première fois pour relancer dans la région (Manche-Calvados voire Eure et Seine-Maritime) une "Commission Mixte d’agrément et de Contrôle" (autrement dit COMAC)

     

    Nous avons le plaisir de vous convier à la prochaine réunion qui aura lieu le ................. (remplir avec la date retenue via le Studs http://studs.unistra.fr/studs.php?sondage=5gbaawyqyzj95xw8#bas) chez Bruno & Catherine Fremont.

     

    Merci de bien vouloir vous inscrire sur ce lien pour pouvoir vous accueillir au mieux.
    Cette rencontre aura pour objet de discuter des modalités de constitution et d'échanger sur la structuration locale du mouvement Nature et Progrès.

     

    A très bientôt!
    Bien amicalement Bruno

     

      • Lundi 19 Décembre 2016 à 20:37

        Merci pour cette information essentielle. La création d'une COMAC normande sera la meilleure chose qui puisse être, et j'espère que les AMAP s'y associeront. Je te demanderai aussi d'écrire un billet dans ce blog, en janvier, pour mieux présenter ce beau projet.

    2
    Damoussira
    Dimanche 18 Décembre 2016 à 21:51

    C'est toujours très intéressant de rappeler les faits. Ils parlent plus forts que les Hommes, et surtout sont plus convaincants !

    Merci pour cet éclairage non moins intéressant !

    Amitiés

    Damoussira

    3
    Lundi 19 Décembre 2016 à 11:18

    Très judicieux que ce rappel de la différence entre la pensée dominante versus la pensée traditionnelle du bio, dans la vie de tous jours, au quotidien, j'ai tendance à l'oublier.

    Et quel magnifique mot : Vitalisme !

    Caroline 

      • Lundi 19 Décembre 2016 à 20:24

        Eh bien, Caroline, j'ai trouvé le mot "vitalisme" sous la plume de médecins du 19ème siècle qui l'employaient dans un sens très péjoratif.

    4
    Alain Jacquet
    Lundi 19 Décembre 2016 à 19:32
    Mon cher Pierre, ne tirons pas trop sur l'ambulance, la "bio" officielle fait quand même du bien à la biodiversité, à la qualité de l'eau et nous propose une alimentation un peu plus "ethique". Amitiés. Alain

    PS : des nouvelles de la choucroutes ?
      • Lundi 19 Décembre 2016 à 21:04

        Mon cher Alain, le lait de la ferme des mille vaches a-t-il grand chose à voir avec celui notre ami Dufour, au sud de la Manche ? C'est un débat interminable.

        Je ne doute pas que la bio "officielle" apporte un petit mieux... Mais quand je vois la vitesse de dégradation de la biosphère, du fait de l'homme (d'où la sixième extinction massive des espèces, dans l'histoire de notre planète), je ne puis m'empêcher de penser que sans un bond immense et ultra-rapide des prises de conscience et de décision, au niveaux individuels et collectifs, l'humanité elle-même est menacée d'extinction rapide.

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