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Le procès d'Emmanuel Giboulot et la Chronique d'avant-boire
Le jugement du tribunal en charge de l'affaire Giboulot (son refus du traitement obligatoire contre la flavescence dorée) est en délibéré et sera prononcé le 7 avril. Emmanuel Giboulot bénéficie d'un demi-million de pétitions en sa faveur. Il y avait environ un millier de personnes à la porte du tribunal et un pique-nique géant a suivi le procès... (ceci pour le folklore !).
Cette affaire est complexe, elle n'est pas la première sur ce sujet. Voici une vingtaine d'années, les vignerons "bios" de l'Hérault avaient violemment contesté le même type d'obligation, sur la même maladie, dès que le décret préfectoral fut publié. Dans le cas présent, Giboulot a attendu d'être pincé avant de réagir. S'il a pu réunir un comité de soutien parmi quelques vignerons "bios" du département, les "grands domaines" qui revendiquent le bio ne se sont pas manifestés. D'une manière générale, la profession semble embarrassée et une ambiguïté apparaît. Car la pyréthrine aurait pu être utilisée pour ce traitement, produit tiré du pyrèthre (un végétal) et agréé par les cahiers des charges "bios". Le problème est que le pyrèthre détruit le supposé vecteur de la maladie (la ciccadelle) mais aussi toute la micro-faune auxiliaire (sauf les abeilles), ce qui détruit la biodiversité...
Par ailleurs, la position de l'administration est elle aussi fort ambigüe : d'un côté, elle reconnaît la légitimité des pratiques "bios" mais de l'autre, elle impose une décision contradictoire de la première. Surtout, elle s'appuie sur une idéologie archaïque de la maladie et de son traitement, qui impose un bombardement massif et général quand une approche fine et très localisée serait peut-être (sans doute ?) plus adaptée.
Enfin, voici vingt ans, les réseaux sociaux n'existaient pas et la mobilisation de la société civile est un fait nouveau. Il appelle un débat de société (comme pour l'usage des pesticides). Ce débat devra avoir lieu, et aura lieu... dans un délai encore indéterminé.
Quand on pense que le New York Times aurait signalé ce procès et pointé du doigt la France, plus gros utilisateur en Europe de pesticides (spécialement dans la viticulture) !!! Ce qui embarrasse fort l'interprofession des vins de Bourgogne, qui déplorerait que l'image des vins de Bourgogne soit écornée... (Sauvons notre image, à défaut du reste ?)
En conclusion, cette affaire est trop complexe pour être exposée dans un article de blog. J'ai donc décidé de recueillir toutes les pièces du dossier, de rédiger et publier une étude la plus objective possible. Dès que ce sera prêt (en mai ? juin?), je vous en aviserai. Je vous remercie par avance, au cas où vous disposeriez d'informations utiles à mon labeur de scribe, de me les communiquer, ou de m'en donner les références.
TRINK !
Pierre Paillard
P.S : vous ne serez pas surpris de mon adhésion à l'association "Générations futures". Je vous recommande la consultation de leur site internet : http://www.generations-futures.fr
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